Soigner la santé mentale avec Médecins Sans Frontières

santé et santé mentale / droits des personnes exilées

La santé mentale en centre d'accueil

En Belgique, l’agence fédérale Fedasile accueille 20.000 demandeurs d’asile. Dans l’un de ces centres de 150 places, l’agence travaillait en collaboration avec Médecins sans frontière (MSF), qui a contacté The Ink Link pour créer un outil qui aborde le sujet de la santé mentale.

La mission de MSF au sein du centre était d’assurer un support psycho-social. Mais cette mission allait prendre fin en décembre 2018 et l’équipe souhaitait développer des outils qui pourraient rester après leur départ.

Dans les centres, les accompagnateurs ont remarqué une grande difficulté à aider les résidants: leur situation est précaire en attendant la décision de justice (pas d’intégration prévue, peu d’activité, d’autonomie et cohabitation de nombreuses cultures pas toujours prise en compte).

Souvent, les migrants, et particulièrement les plus jeunes, ont des difficultés à gérer le mal être psychologique. En parler est compliqué. C'est une notion difficile à représenter. Pour mettre cela en image, les équipes Ink Link ont travaillé en collaboration avec des experts psy de MSF ainsi que les migrants eux même.

Pour représenter avec justesse des émotions complexes, la première étape était de pouvoir discuter avec les migrants dans un climat de confiance. Pour cela l’équipe de The Ink Link, avec la dessinatrice Louise Joor, a d’abord rencontré des migrants dans le centre pour réaliser leurs portraits. Après avoir compris la situation, le parcours des migrants et le fonctionnement du centre un premier scénario est créé. Il a été validé à chaque étape par les équipes de MSF.

L'étape du story board

Pour s'assurer que les illustrations correspondaient bien aux préoccupations et représentations des migrants, Louise s’est rendue plusieurs fois dans les centres pour approfondir ces témoignages. Elle a réutilisé les lieux qu’elle a vu pour le cadre de la BD et, étape par étape, elle a affiné les représentations pour trouver le ton juste.

Le texte, en voix off, parle directement aux migrants de leurs parcours, de leurs préoccupation et essaye d'apporter des réponses au mal-être psy. Il a également été remanié, ajusté au fur et à mesure par les équipes de MSF pour transmettre les bonnes émotions, et pour éviter toute incompréhension,

Le choix du noir et blanc a été pris pour faire ressortir les émotions qui se distinguent les unes des autres en couleurs. Cette symbolique permet de montrer l’importance que peuvent prendre ces sentiments par rapport au monde qui nous entoure.

Plusieurs versions de travail

Dans cette case, la première proposition donnait plus l’impression d’ennui que d’inquiétude, Louise a donc choisi de changer l’angle de vue avec des personnages qui regardent vers la sortie pour représenter l’incertitude envers l’avenir.

La forme de l’émotion qui serre la gorge de la jeune femme a été changé pour éviter toute incompréhension.

Au final, quatre versions du story board ont été nécessaires pour finaliser ce projet qui est un bon exemple de collaboration entre artistes, bénéficiaires et acteurs de la solidarité.

La version finale a ensuite été traduite en 6 langues pour être accessible au plus grand nombre. Elle est mise à disposition sur simple demande de tous les acteurs souhaitant l'utiliser, contactez-nous !

Des adaptations possibles

Plusieurs mois plus tard, d'autres centres d'accueil à Paris ont fait appel à notre association pour utiliser cette BD dans leurs locaux.
Ces établissements accueillent des mineurs isolés et souhaitaient mettre en avant des réponses spécificiques au mal-être. De nouvelles rencontres entre notre équipe et des migrants ont donc été organisées. Certaines situations ne correspondaient pas tout à fait alors la bande dessinée a été adaptée.
Cette verson existe avec des personnages différents représentant des personnes avec des peaux plus ou moins claires pour permettre à chacun de mieux s'y projeter.