Sensibiliser les populations du Suriname et de Guyane au diabète

santé et santé mentale

L'origine du projet

Cette mission fait partie des projets pilotes qui ont permis à Ink Link de lancer l’association en 2016. Alors que Laure Garancher se rendait sur le terrain pour une mission de santé pour l’OMS, les populations lui ont vite fait part de leur mécontentement face à des campagnes de sensibilisation souvent trop peu adaptées à leur culture. Les personnages ne leur ressemblaient pas et les thèmes étaient bien trop éloignés de leurs réelles inquiétudes en matière de santé.

Un projet d’étude a alors été lancé auprès de plusieurs populations afin de connaître leurs attentes et travailler au plus près des sujets qui les préoccupent. Une équipe composée d’un scénariste (Wilfrid Lupano), d’une dessinatrice choisie pour son style qui correspondait aux goûts de la population (Mayana Itoïz), de deux coordinateurs scientifiques (Laure Garancher et Gustavo Bretas), est créée. Ils ont alors pour objectif de co-créer un outil de promotion de la santé, directement avec la population. Le projet sur le diabète a ainsi été choisi en concertation avec la communauté des Noirs Marrons.

La problématique du diabète

En Guyane et au Suriname, les Noirs Marrons sont une communauté de descendants d’esclaves qui se sont enfuis des plantations de sucre et de café avant l'abolition de l'esclavage. Cette communauté, culturellement très différente des populations natives de Guyane et du Suriname, vit principalement aux bords des fleuves.

L’obésité et le diabète sont très fréquents au sein de cette communauté. Un facteur de risque important est l’alimentation, avec une surconsommation de sodas et d’aliments très sucrés. Les villages sont en pleine forêt, et les rares magasins de proximité ont un choix limité et souvent de faible qualité nutritionnelle.

Comprendre les effets que pourraient avoir une consommation trop importante de sucre dans le temps et les potentiels risques de complications sur le temps long est dur à comprendre, car cela s’étale sur de nombreuses années.

Une BD qui parle à ses lecteurs

Pour faire comprendre l’importance de freiner la consommation de sucre, The Ink Link a décidé d’utiliser la métaphore des rivières polluées, un thème très parlant pour ces communautés qui vivent aux abords du fleuve. L’enjeu était alors de faire comprendre qu’une consommation de sucre trop importante aujourd’hui pouvait avoir de graves conséquences demain.

Scénarisées par Wilfrid Lupano et dessinées par Mayana Itoïz, les planches ont été réalisées sur place afin d’être sûrs que celles-ci soient approuvées par la communauté. Elles ont ensuite été mises en page sous forme de livrets et d’affiches pour la branche de l’OMS Suriname. Devant le succès du livret, celui-ci a très vite été repris en Guyane et distribué dans différents centres de santé. Pour une meilleure diffusion, la BD est diffusée à la fois dans la langue locale, le djuka, et en Français.

Quelles retombées pour le projet ?

Les populations se sont très vite emparées du sujet dans l’optique d’organiser des animations autour de la problématique du diabète. Bien que ce projet pilote ait désormais quelques années, le travail réalisé est encore utilisé aujourd’hui par les populations elles-mêmes.

Suite à notre projet traitant du diabète en collaboration avec les populations locales du Suriname, on nous a fait la demande d’adapter notre bande dessinée en film d’animation permettant une diffusion plus large auprès d’un public ayant des difficultés avec le format de la bande dessinée. 

L’animation a été assurée par Claire Lageyre, une artiste spécialisée dans le motion design ayant déjà travaillé pour de nombreux projets de vidéos engagés avec son agence Mikros Image. 

Le film d’animation reste extrêmement proche de l’esprit de la bande dessinée, tout en y ajoutant la dynamique du mouvement, utile pour représenter la rivière devenant de plus en plus pollué. 

Ce film sera doublé en français et connaîtra également une traduction en ndjuka, la langue d'un des peuples du Suriname afin de permettre une diffusion y compris dans les régions les plus reculées.