Renforcer les compétences psychosociales des personnes exilées

droits des personnes exilées

L'outil K-par-Cas-2 a été développé en 2021 grâce à une collaboration entre l’association The Ink Link et l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) et avec l’appui financier de l’Union Européenne dans le cadre de l’Initiative conjointe UE-OIM pour la réintégration et protection des migrants dans la région du Sahel et du lac Tchad.

Il constitue une adaptation et extension d’une première version développée en 2018 par Olivier Coldefy, psychologue expert, et Laure Garancher, illustratrice et co-fondatrice de l’association The Ink Link.

Les migrants de retour chez eux peuvent en effet avoir du mal à se réadapter et à reconstruire leur vie, en raison d’un bon nombre des mêmes facteurs économiques, sociaux et psychosociaux qui les ont incités à émigrer en premier lieu, en particulier si elles ont été hors du pays pour une longue période, et/ou si le retour au pays a eu lieu après un voyage migratoire qui n’a pas abouti au résultat souhaité. À cela peuvent s’ajouter les conséquences sur la santé mentale liées à des parcours migratoires souvent complexes et difficiles pouvant être caractérisés par l’exposition à des expériences de violence, exploitation, abus, précarité et incertitude, entre autres.

L’aide et l’accompagnement à la réintégration psychosociale sont donc essentiels pour soutenir une réintégration durable en tenant compte des difficultés émotionnelles, psychologiques, socio-économiques, socio-relationnelles et culturelles qu’elle présente.

L'outil K-par-Cas-2 permet de parler de santé mentale et des besoins psychosociaux avec les migrants de retour en essayant, à travers une dimension ludique et interactive, de briser les barrières liées à la crainte de la stigmatisation et de l’exclusion sociale que peuvent ressentir les personnes faisant face à des besoins émotionnels et psychologiques, et à la difficulté d’identifier ces besoins ou à leur donner la même priorité qu’aux besoins socio-économiques.

Pour offrir une approche plus globale, le kit initial K-par-Cas a été enrichi de nouveaux modules.

Kit 1 : Valoriser son histoire personnelle

OBJECTIFS

  • Permettre au migrant de retour de parler de soi (culture, histoire familiale, etc.) dans un cadre sûr et non intrusif ;
  • Favoriser les échanges et le partage d’expériences entre migrants de retour de différentes nationalités et/ou issue de la même culture et pays d’origine ;
  • Permettre au facilitateur de valoriser l’histoire unique de chaque migrant de retour et de recueillir des informations importantes sur leur parcours de vie pour pouvoir mieux les accompagner dans le processus de leur retour et réintégration.

Dans la nouvelle version de K-par-Cas, un nouveau kit d'images a été créé pour les enfants. 

L’objectif est d’introduire un temps ludique et de relative insouciance axé sur eux.

Kit 2 : Le parcours migratoire

OBJECTIFS

  • Parler et détailler le parcours migratoire dans un contexte bienveillant ;
  • Permettre au migrant d’organiser ses idées/son parcours ;
  • Identifier les temps difficiles et positifs vécus pendant le parcours migratoire (y compris ceux vécus durant la phase de retour au pays, si cela a déjà eu lieu) et permettre au migrant de faire le point sur sa trajectoire ;
  • Identifier les événements potentiellement traumatisants et la temporalité de ces derniers pour adapter la prise en charge.

Kit 3 : La santé mentale

Le kit 3 a pour but d’aborder la thématique de la santé mentale dans le contexte de la migration. Il est composé de plusieurs outils :

Un flipbook qui explique ce qu’est la santé mentale et les raisons pour lesquelles le public migrant est plus à risque de mal-être psycho-social. 

OBJECTIFS

  • Sensibiliser à la thématique de la santé mentale et du bien-être psychosocial des migrants de retour ;
  • Faciliter l’auto-identification par les migrants de retour de signes de détresse psychosociale et comment y faire face et/ou demander de l’aide spécialisée en cas de besoin.

UTILISATION

  • Le flipbook peut être utilisé en combinaison avec les kits 1 et 2, ou comme un outil indépendant (exemple : pendant des séances individuelles de soutien psychologique et/ou pour sensibiliser à la thématique de la santé mentale et/ou informer sur les services spécialisés disponibles) ;
  • À tout moment durant la phase de préparation du retour ;
  • Pendant des séances de sensibilisation à la thématique de la santé mentale dans le contexte de la migration ;
  • Pendant des séances de psychoéducation, comme outil de support ;
  • Comme un outil utilisé par les migrants eux-mêmes pour comprendre à travers un langage simple ce qu’est la santé mentale et pouvoir mieux identifier de possibles signes de détresse psychologique en eux-mêmes et les manières d’y faire face ou de demander de l’aide.

Un jeu de cartes permettant aux migrants de parler de leurs émotions.

OBJECTIFS

  • Faciliter l’expression des émotions et signes de détresse psychologique dans un cadre sécurisant, bienveillant et non-stigmatisant ;
  • Faciliter l’identification de signes de détresse psychologique selon leur degré de sévérité et proposer ainsi des solutions adaptées pour y faire face (par exemple : orientation vers des services spécialisés de prise en charge psychologique/psychiatrique) ;
  • Permettre au facilitateur de fournir des messages rassurants tels que la normalisation et légitimation (par exemple : de nombreuses réactions psychologiques négatives peuvent être considérées comme adaptées et non pas comme anormales face aux facteurs de stress existants et dans des circonstances très exigeantes).

Kit 4 : Les compétences

Un module pour apprendre à croire en soi et faire le point sur ses compétences humaines et techniques.

Après avoir utilisé le premier kit K-par-Cas qui permet à l’animateur de connaitre la personne, on propose de creuser ses compétences. On montre dans un premier temps aux personnes exilées un tas de cartes listant les principales compétences humaines (joyeux, poli, organisé…). La personne choisit celles qui lui correspondent. Certaines personnes en perte de confiance peuvent n’en choisir aucune ou pas assez. Grâce aux informations collectées dans le premier kit, l’animateur va proposer les compétences qui lui paraissent correspondre à la personne. Par exemple : « Mais vous avez dit que vous aviez la charge de toute la famille, pour cela, vous deviez être quelqu’un d’organisé ! ».

Ensuite, on propose un ensemble de cartes de compétences techniques (compétences en informatique, commerce, travail du bois…). Là encore, on aide la personne qui pourrait ne pas se reconnaitre à prendre les compétences qui lui correspondent.

Enfin, on propose à chacun de raconter des anecdotes qui mettent en scène ces compétences. Cela permet de se revaloriser devant le groupe, mais aussi de se souvenir de ces compétences pendant la suite de son parcours.

Et voici un mot des utilisateurs de l'outil !

Pour utiliser cet outil, une formation est proposée.

La première formation, sous forme de training of trainer s'est tenue à Dakar en janvier 2023 et a permis de former des référents dans 14 pays de la région.